Recension, ouvrage « Droit de cité. De la ville-monde à la ville du quart d’heure, de Pr Carlos Moreno, par Jean-Pierre Bouchez.

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“Droit de cité; De la “ville-monde”, à la “ville du quart d’heure”, par Carlos Moreno, Editions de l’observatoire, 2020.

On ne présente plus Carlos Moreno, réfugié politique, devenu chercheur et expert urbain réputé, et par ailleurs co-fondateur de la chaire “entrepreneuriat, territoire et innovation” à l’Université Paris I Panthéon Paris Sorbonne.

Dans cet ouvrage particulière riche, largement documenté, convaincant et assurément engagé, l’auteur décrit les méfaits des externalités négatives liées à l’extrême densification des grandes agglomérations mondiales. Et partant, les défis colossaux auxquels elles doivent faire face : environnementaux, sociaux, économiques et de résiliences.

A cette extrême densification engagée dans une spirale négative, Carlos Moreno oppose un chemin arpenté et exigeant fondé sur la construction d’une proximité multiple et durable (spatiale physique, temporelle, sensorielle, affective, etc.) C’est la perspective de la “ville du quart d’heure” ayant pour ambition de “rapprocher les services des gens, donner plus d’importance au local, retisser des liens de voisinage (…), s’éloigner de cette ville genrée où la voiture est associée au masculin pour retrouver l’amour des lieux”. Le chercheur propose alors des pistes pour que cette “nouvelle armature territoriale” devienne possible sur la base d’une analyse fine des ressources disponibles et de leur affectation.

Le challenge proposé par Carlos Moreno, réactivé par les effets de la pandémie, constitue un enjeu politique absolument majeur, dont doivent continuer à s’emparer effectivement et durablement les plus grandes villes du monde (le concept ayant déjà été adopté par le réseau des villes C40 réunissant les 94 plus grandes). Parmi celles-ci, c’est probablement Medellin “qui a vécu le martyre” souligne le chercheur, avant de connaitre une transformation radicale qui en constitue l’une des illustrations les plus probante. Cela, comme le souligne le site de l’auteur, grâce à une succession de gouvernances pertinentes et cohérentes, à l’apport décisif du secteur privé, des organisations sociales en général, et au travail infatigable de citoyens participatifs engagés avec leur ville. Autant d’éléments décisifs qui ont contribué à réduire notamment le taux de criminalité.

Puisse cet exemple servir de référence à cette “grande transformation” dont Carlos Moreno nous invite, avec force et conviction pour donner du sens et de l’espérance au monde qui vient.”