Nous publions aujourd’hui en français, en anglais et en espagnol la retranscription d’une intervention accordée par la célèbre sociologue Saskia Sassen lors de la session Live in a Living City organisée par le Pr. Carlos Moreno lors d’ICS à Toulouse.

Saskia Sassen revient sur les rapports ambivalents que la ville entretient avec la technologie. Elle se livre également à une réflexion approfondie et tout à fait originale sur la répartition de la technologie au sein des espaces urbains et la façon dont elle contribue à leur structuration et leur hiérarchisation.

Regardez ici les 5 mn avec Saskia Sassen extraites de cette intervention.

C’est un plaisir d’être ici et je suis navrée de ne pas être réellement présente parmi vous. Merci Carlos Moreno de m’avoir invitée, je suis vraiment reconnaissante. J’aimerais tellement être présente à ICS Toulouse.

Le thème que je souhaite aborder aujourd’hui porte sur le lien qui existe entre la technologie et les villes et, plus particulièrement, les hautes technologies. Pour moi, les villes sont des systèmes complexes mais incomplets. Pensez aux technologies d’aujourd’hui, il existe deux vecteurs, auxquels je m’intéresse beaucoup et qui, je pense, sont très importants.

D’un côté, le lien entre la technologie et les villes est perturbé par l’accélération de l’obsolescence des technologies. Si vous pensez à l’histoire des villes, le lien entre les villes et la technologie a très bien été entretenu. Pensez par exemple aux aqueducs romains ou aux édifices qui ont été construits à Londres, au XVIIe siècle.

Ces bâtiments étaient construits avec des techniques qui nous permettent encore aujourd’hui de les améliorer et de les restaurer quand ils se dégradent. Aujourd’hui, je pense et suis résolument convaincue que l’obsolescence des technologies connaît une telle accélération qu’elle en devient potentiellement dangereuse pour les villes. Imaginez un bâtiment entièrement construit à partir de technologies vouées à obsolescence ; ces technologies détruiront littéralement des immeubles entiers et tous les quartiers voisins. Ces immeubles seront certes encore utiles, mais ils seront réutilisés pour loger des citoyens de seconde classe, donc c’est un gâchis considérable de ressources et puis, reste encore le défi de vendre ces bâtiments dégradés.

Donc, l’utilisation de technologies dans les bâtiments doit être développée de manière intelligente et j’irai même jusqu’à dire que les villes que nous appelons « villes intelligentes » ne sont pas toujours aussi intelligentes qu’on le pense.

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Voici deux images que j’aime bien montrer pour illustrer mes propos et qui sont assez provocatrices. L’une d’elles montre plusieurs immeubles, qui existent d’ailleurs toujours à Shanghai et qui contiennent beaucoup de technologies. Les Chinois commencent à se lasser de ces milliers d’espaces remplis d’immeubles que Shanghai a commencé à construire il y a près de 5 ans, alors ils les ont imaginés morts.

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L’autre image représente Songdo, l’une des villes technologiques les plus développées que nous connaissons. Ces bâtiments ultra-modernes ont-ils urbanisé la ville ou l’ont-ils désurbanisée ? Je dirais qu’ils l’ont plutôt désurbanisée. Oui, la densité est là, mais la densité à elle seule de suffit pas et la question de l’obsolescence se pose toujours.

Il existe une deuxième dimension dont je voudrais parler ici et qui m’intéresse davantage ; il s’agit, pour revenir au thème de l’espace urbain, de développer des technologies qui conçoivent l’espace urbain comme un espace open-source. Je pense notamment à la notion de quartier, qui est la plus représentative. Car le quartier est en quelques sortes un espace modeste, qui ne donne pas lieu à des innovations majeures. Le quartier est un espace où l’on croise des enfants, des grands-parents, des personnes sans abris, le « fou du quartier », etc. Ces personnages ne concordent pas avec la notion de ville ultra-moderne telle qu’on se l’imagine. Mais la plupart des espaces d’une grande ville sont en réalité des quartiers comme ceux-là, même s’ils ne correspondent pas toujours à la description exagérée que j’utilise parfois lorsque j’évoque la notion de quartier.

Ma question est la suivante : comment peut-on y déployer les technologies ? Et je pense tout particulièrement aux TIC, technologies de l’information et de la communication, comment peut-on déployer de telles technologies pour faire de la ville un espace mieux aménagé ? Un espace conçu comme une toile reliant plusieurs endroits entre eux. Une toile qui regorge d’applications de toutes sortes lui donnant vie. Je pense notamment à une manière de « démocratiser » ces espaces afin que la grand-mère du quartier, par exemple, ne se sente pas exclue, mais qu’au contraire elle sente qu’elle en fait pleinement partie et, pourquoi pas, qu’elle y passe plus de temps que tout autre citoyen.

Donc, est-il possible de rendre les quartiers plus open-source et qu’est-ce que cela signifie ? Laissez-moi expliquer ce point en évoquant deux problématiques. L’une d’elle concerne le centre-ville et la connaissance codifiée du centre. Les experts, le gouvernement, les institutions spécialisées, tous les spécialistes, etc. Je n’ai bien entendu rien contre eux.

Ma première question est la suivante : comment faire entrer ce savoir de quartier dans le centre-ville, où le savoir est codifié ? Cela voudrait dire qu’il faut démanteler ce savoir du centre-ville, même partiellement, et mieux l’aménager au sein de l’espace. Cela voudrait dire aussi qu’il faut inventer des applications d’un nouveau genre afin de moderniser les foules, mais je pense également au quartier comme source d’apprentissage, dont les différents acteurs – en fonction de leurs activités et de leurs intérêts – prendraient part à la réalisation de ces nouvelles applications, permettant ainsi aux quartiers de mieux s’intégrer à la communication des grandes agglomérations.

Quand je m’imagine un quartier, je l’imagine comme un espace doté de savoirs bien particuliers, avec des besoins bien à lui, avec ses propres curiosités, mais aussi ses problèmes, pour lesquels il souhaiterait trouver des solutions, bref, tout un imaginaire auquel ne conviendrait qu’un nombre limité d’applications techniques. Ces problèmes existent également dans les centres-villes. Mais les quartiers sont différents et, même considérés dans leur globalité, les quartiers sont différents du centre-ville.

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Le centre-ville est un espace marqué par les entreprises, mais aussi par les appartements, les centres commerciaux, c’est un espace bâti que l’on associait autrefois à un lieu d’affaires : un espace de grande qualité, très normé, conçu par des architectes brillants, construisant des immeubles différents les uns des autres. Donc, le centre-ville se caractérise à la fois par des constructions harmonieuses, dotées de fonctions diverses et variées grâce à l’intervention d’architectes de renom (et je ne dis pas cela avec ironie) ; mais en parallèle, c’est un espace très uniformisé et normé, dont la fonction est bien particulière et dont les lieux sont parfois fonctionnels 24 heures sur 24.

Le quartier quant à lui est un espace plus réduit, façonné par ses habitants, moins uniformisé et moins sujet à l’intervention d’architectes brillants, de designers connus, etc. C’est pour cela que je me demande comment faire pour apporter dans le centre-ville tout le savoir, les pratiques, l’imaginaire et les désirs qui font vivre un quartier ; les seuls vecteurs qui me viennent à l’esprit sont le savoir et l’information qui en émanent.

Il existe des exemples très simples qui illustrent très bien cela et peuvent servir de modèles adaptables à des ensembles plus complexes. L’un d’eux est une application téléphonique que nous connaissons tous et qui sert à signaler les « nids de poule » que l’on croise sur la route. Un nid de poule est un grand trou qui s’est formé sur une route et peut endommager votre voiture, votre vélo ou votre moto. Donc, vous le signalez sur l’application et, où que vous soyez, le bureau de la mairie en est immédiatement informé. C’est tout simple mais cela permet de recueillir un nombre extraordinaire d’informations utiles. Sans cela, comment ferait la commune pour identifier tous ces nids de poule ? Elle devrait envoyer plusieurs personnes pour recueillir ces informations tous les jours alors que des gens tombent spontanément dessus et peuvent le signaler simplement eux-mêmes.

C’est un exemple tout simple, mais qui illustre parfaitement le type de contributions que peut apporter le savoir local. Comment peut-on tirer parti de ce savoir pour que le quartier et toute la complexité qu’il recouvre puissent participer au fonctionnement des grands espaces ?

Une autre application existe concernant les problèmes liés à la santé. Il existe désormais dans certaines villes d’Europe et de l’Amérique du Nord une application qui vous permet de localiser et de signaler très rapidement un accident ou un danger menaçant la santé des personnes. Cette application est très utile.

Mais je veux aller plus loin que la simple utilité : que se passerait-il si nous pouvions nous divertir, être inspiré ou avoir la possibilité d’admirer des endroits de notre ville que nous ne connaissons pas ? Un de mes étudiants a inventé une formidable application, qu’il a baptisée « 24 hour art ». Mettez-vous en situation : il est 3 heures du matin, vous venez de sortir de boîte et vous avez envie de voir un peu d’art ; vous ouvrez l’application et en quelques secondes, vous pouvez visualiser tous les endroits de New York où il est possible d’admirer quelques œuvres d’art, qu’elles se trouvent dans un pub encore ouvert, un espace public ouvert 24 heures sur 24, une salle de bain, une peinture, une œuvre, une photo, etc. Il s’agit clairement ici d’utiliser l’espace urbain comme une toile de fond pour s’adonner à des activités ludiques et inspirantes. Il n’est pas question d’urgence, ni de nids de poule, c’est tout autre chose.

Mais je pense qu’il existe aussi un troisième niveau. Nos villes sont en train de se désurbaniser, comme je vous l’ai montré précédemment avec cette image, mais cette désurbanisation se manifeste sous plusieurs formes. Laissez-moi vous en énumérer deux. L’une d’elle concerne l’accaparement des espaces urbains et ce qu’on en pense. Londres est championne en la matière, mais cela arrive aussi à Paris et à New York. Ce sont des endroits de la ville et particulièrement du centre, qui sont détenus par des étrangers mais peu ou presque jamais utilisés. En effet, j’ai en ma possession quelques photos qui montrent des résidences très luxueuses où l’on voit des arbres pousser à l’intérieur ; il est clair qu’elles ne sont pas habitées. Donc il s’agit bien d’une forme d’accaparement de l’espace urbain. Comment achète-t-on l’espace urbain ? En achetant des immeubles.

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Mais si ces propriétaires d’immeubles acquièrent tout un quartier, cela aura un impact bien plus important que pour une simple maison, car ces espaces ne sont presque jamais, voire jamais habités. Vous assistez-là à une sorte de désurbanisation et de rétrécissement du tissu urbain.

La deuxième forme de désurbanisation a lieu lorsqu’un grand complexe acquiert toute une superficie de la ville et y installe un projet énorme en absorbant plusieurs éléments de l’espace public (des petites rues, des parcs, etc.) dans son espace privatisé. Le citoyen lambda perd donc ses rues, son paysage, ses petits parcs et se retrouve avec un gros immeuble à la place.

Imaginez une application qui permettrait aux gens de se mobiliser immédiatement après avoir été informés (car ce genre d’informations n’est pas relayée par les journaux) : l’organisation d’un méga projet ou l’acquisition d’un terrain par un gros investisseur. Bref, se mobiliser. Quand je parle de mobilisations, je pense qu’elles sont la première étape d’un mouvement général, elle ne s’arrêtent pas là, car elles font vraiment partie d’un mouvement général. Une fois mobilisés vers des actions, les gens peuvent aller au-delà et passer à l’étape supérieure.

Deuxième exemple, au sujet de l’environnement : nous devons réfléchir davantage à la question de l’environnement. Nous avons des connaissances en biologie, des techniques, des technologies, qui nous amènent toutes à tirer des conclusions très étroites et, finalement, pas si utiles que cela, pour engager des actions politiques. Bien sûr, nous avons besoin de régulations, bien sûr nous avons besoin de lois, qui sont d’ailleurs bien plus difficiles à obtenir que des régulations, mais néanmoins nécessaires. Mais nous avons également besoin d’aménager l’ensemble de l’espace urbain pour servir la question de l’environnement. Et là encore, je pense que le quartier est l’espace idéal pour déployer ce genre d’initiatives.

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L’une d’entre elle consiste à recouvrir des surfaces en béton (trottoirs, immeubles et toits) d’une peinture contenant une bactérie qui produit du calcium. Ce calcium est capable de capturer des gaz à effet de serre. Et ainsi, elles parviennent à purifier l’air aux alentours. Imaginez : toutes les surfaces en béton d’une ville fonctionnant de cette façon. De cette manière, vous transformez le négatif en positif. Multipliez cela par le nombre d’éléments qui composent une ville : les différentes surfaces, les différentes bactéries, etc. Il en existe toute une liste et c’est absolument splendide.

Un autre exemple formidable concerne les eaux usées que nous produisons en grande quantité dans les salles de bain, les cuisines, les restaurants, etc. Encore une fois, on y introduit une bactérie qui transforme la matière organique en molécules de plastique, durables, résistantes, mais aussi biodégradables. Un vrai miracle. Cela permettrait donc de transformer ce qui représente un poids pour nos villes en quelque chose de positif. Ce ne sont là que des exemples.

Ainsi, ces technologies peuvent devenir de réels vecteurs. En numérisant un réseau de communication, un réseau de collaboration et de confiance, on pourrait vraiment faire la différence et permettre aux citoyens de se mobiliser. Ce ne sont là que quelques idées et il en existent bien plus encore.

Es un placer estar aquí y lamento no poder estar allí con todos ustedes. Muchas gracias Carlos Moreno por haberme invitado, realmente le agradezco. Me hubiera encantado estar en ICS Toulouse.

Quisiera hablar acerca de la relación que existe entre la tecnología y las ciudades. Me centraré especialmente en el tema de la tecnología de punta. Considero que las ciudades son sistemas complejos pero incompletos. En la actualidad, al hablar de tecnología, es necesario mencionar dos vectores que considero verdaderamente importantes y que son drásticamente diferentes.

Por un lado, la relación entre la tecnología y las ciudades se ve afectada por un acelerado índice de tecnologías obsoletas. A lo largo de la historia, el vínculo entre las ciudades y la tecnología ha sido muy importante. Tomemos el ejemplo de la arquitectura romana y de los edificios que se construyeron en Londres en el siglo XVII.

La tecnología utilizada en estos edificios es tal que, en la actualidad, nos permite restaurar los edificios más antiguos. Estoy convencida de que la obsolescencia de las tecnologías se desarrolla a una velocidad tal que se convierte en un potencial peligro para las ciudades. Imaginemos un edificio en el cual se han implementado todas las tecnologías que muy pronto se volverán obsoletas; estas tecnologías arrasarán literalmente edificios completos e incluso distritos. Los edificios aún podrán utilizarse, pero se utilizarán para acoger a ciudadanos de segunda clase, por lo que se trata de una gran pérdida de recursos y además se presenta el desafío de vender edificios degradados, lo que resulta un panorama muy desalentador.

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Por lo tanto, la implementaciónde tecnologías en la construcción de edificios debe realizarse con inteligencia. Me gustaría agregar que muchas veces, las llamadas «ciudades inteligentes», no son necesariamente tan inteligentes. Tengo dos imágenes para mostrarles, un tanto provocadoras. En una de ellas, podemos ver una serie de edificios en Shangai, que aún permanecen de pie, y en los cuales se implementaron muchas tecnologías. Este artista chino se cansó de las miles de zonas edificadas que se construyeron en Shangai en unos cinco años, y por lo tanto, imaginó cómo se verían muertos.

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En la otra imagen, vemos a Songdo, una de las ciudades más desarrolladas que existen. ¿Acaso estos edificios abarrotados de tecnología urbanizan la ciudad o la desurbanizan? Considero que la desurbanizan. Es cierto que existe cierta densidad, pero la densidad en sí misma no es suficiente. Además, aún se plantea el interrogante de tecnologías obsoletas. Me gustaría profundizar acerca de una segunda dimensión que es la que más me interesa. Consiste en regresar al concepto de espacio de la ciudad que implementa tecnologías que permiten abrir espacios urbanos. Tomemos el vecindario como caso extremo. Por un lado, el vecindario es un espacio modesto, sin perspectivas de mayores innovaciones. El vecindario está conformado por habitantes como niños, abuelas, indigentes, el loco del barrio, etc. Estos habitantes no se integrarían fácilmente a la imagen de tecnología de punta que tenemos de las ciudades. Si bien la mayoría de los espacio de una gran ciudad son en realidad vecindarios de este tipo, no siempre se trata del vecindario exagerado al que hago referencia. Otro interrogante que surge es ¿cómo implementar tecnologías? Me refiero en particular a las TIC, Tecnologías de información y comunicación. ¿Cómo podemos implementar estas tecnologías para lograr que la ciudad sea un espacio mejor distribuido? Un espacio, donde cada uno de sus integrantes forme parte de una misma red. Una red que cobra vida con buenas aplicaciones. Me refiero a democratizar espacios de tal manera que la abuela del vecindario no se sienta excluida. Al contrario, ella debería integrarse y es probable que cuente con más tiempo para invertir en esta inclusión, que cualquier otro ciudadano. Esa es la imagen que quiero transmitir.

Entonces, ¿es posible abrir las puertas del vecindario y qué significaría esto? Lo explicaré con dos ejemplos: Para empezar tenemos el centro de la ciudad y el conocimiento codificado de este centro. Los especialistas, las entidades públicas especializadas, todos los asesores, etc. (Aclaro que no tengo nada en contra de ellos).

En mi opinión, el primer problema consiste en lograr la integración de este conocimiento del vecindario al conocimiento codificado del centro. Esto se traduciría en una desintegración parcial del conocimiento del centro para que forme parte de este espacio distribuido. Asimismo, esto significaría desarrollar nuevos tipos de aplicaciones que permitan el avance tecnológico, pero también pienso en un centro de aprendizaje, dentro del vecindario, que convoque a sus diferentes integrantes, en función de sus respectivas actividades e intereses. Ellos también forman parte de este nuevo tipo de aplicaciones que integran el vecindario a la vida cosmopolita de ciudades más grandes. Cuando pienso en el vecindario, pienso en un espacio que cuenta con sus propios conocimientos, necesidades, curiosidades y problemas que requieren soluciones, o posibles escenarios donde estas aplicaciones tecnológicas funcionan correctamente. Se trata de una serie de problemas que también suceden en el centro. Sin embargo, cada vecindario es diferente y, enfocado manera colectiva, el espacio del vecindario difiere del espacio del centro.

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En la actualidad, el espacio del centro es un espacio marcado por las características empresariales, pero también por los edificios de departamento, los centros comerciales, que cuentan con un tipo de entorno de construcción que se asociaba antiguamente a las empresas: gran calidad, muy estandarizados; por lo general, los arquitectos brillantes hacen que cada edificio se vea completamente diferente a otro. El centro de la ciudad se distingue por un entorno de construcción armonioso que presenta diferentes aspectos gracias a la intervención de arquitectos de gran renombre (y no lo digo con ironía), pero a su vez, parece tener un alto nivel de estandarización con una función determinada y cuyos espacios funcionan las 24 horas.

El vecindario es algo más local, construido para los habitantes, menos estandarizado, y se encuentra menos influenciado por los grandes arquitectos y los diseñadores de renombre, etc. Por ello, mi preocupación se centra en cómo trasladar el conocimiento, las prácticas, los posibles escenarios, los deseos del vecindario hacia el centro; y los principales vectores que se me ocurren son el conocimiento y la información del vecindario.

Existen ejemplos muy elementales que ilustran este concepto de manera muy sencilla, pero que pueden elevarse a un mayor nivel de complejidad. El mejor ejemplo que conocemos es una aplicación móvil que nos indica la ubicación de los baches en la calle. Un bache, es un agujero en la calle que afecta a los automóviles, a las bicicletas y a las motocicletas. Entonces, esta aplicación indica el bache y, donde sea que se encuentre la persona, se informará directamente a la municipalidad. Es una aplicación muy simple, pero que permite recopilar gran cantidad de información. De lo contrario, ¿cómo podrían llevar el centro un registro de todos los baches? Tendría que enviar personal para recopilar información todos los días, cada vez que una persona se topa con un bache.

Este es un ejemplo muy simple, pero que capta de forma muy clara el tipo de contribución que aporta el conocimiento local. ¿De qué forma podemos elevar la complejidad de este tipo de conocimiento para que el vecindario forme parte de este gran espacio?

Existe otra aplicación importante, vinculada a las cuestiones de salud. En algunas ciudades de Europa y de América del Norte se puede utilizar una aplicación para denunciar rápidamente un accidente o un problema de salud. Esta aplicación es muy útil, pero quisiera ahondar en otros factores además de su utilidad. ¿Qué sucedería si pudiéramos divertirnos, inspirarnos, ver algo que nunca habíamos visto, aunque se encuentre en la ciudad? Uno de mis estudiantes inventó una ingeniosa aplicación que denominó: «24 horas de Arte». Por ejemplo, si sale de un bar a las tres de la mañana y desea ver alguna exposición de arte, puede utilizar esta aplicación y ver qué hay disponible en Nueva York a esa hora. Por ejemplo, un bar que está abierto hasta muy tarde, en un espacio público abierto las 24 horas, un baño, una pintura, una obre de arte, una fotografía, etc. De esta forma, se puede integrar el espacio de la ciudad junto con algo divertido e inspirador. Entonces, no se trata únicamente de la emergencia sanitaria o del bache, sino de algo más profundo.

Pienso que existe también un tercer nivel. Se trata del hecho de que nuestras ciudades se están desurbanizando. Ya les mostré una imagen, pero creo que la desurbanización se produce de distintas maneras. Quiero mencionar algunas. Una de ellas se relaciona con la apropiación de terrenos urbanos. (13’12). Londres es un ejemplo, pero lo mismo sucede en París y en Nueva York. Se trata de lugares en las ciudades, en especial en el centro de las ciudades que son propiedad de extranjeros (13”25) que apenas los utilizan. De hecho, tengo algunas imágenes que muestran residencias lujosas, con vegetación creciendo en su interior, lo que indica, lógicamente, no están habitadas. Sería un tipo de apropiación del terreno urbano. ¿Cómo se adquiere el terreno urbano? Se adquiere comprando edificios.

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Pero si los propietarios de este tipo de edificios adquieren un sector de la ciudad, es probable que se produzca un enorme impacto que trascienda el de una casa, ya que estos espacios no están habitados o se utilizan muy poco. Aquí se ve un tipo de desurbanización, una disminución de la red urbana. El segundo problema se presenta cuando un gran complejo adquiere un conjunto de zonas para realizar proyectos de gran envergadura, que absorben muchos elementos del espacio público (las callejuelas, el pequeño parque, etc.) en su propio espacio privado. De esta forma, el ciudadano promedio pierde los paisajes abiertos, el pequeño parque porque ahora se convierten en un enorme edificio. Imaginen una aplicación que permita a las personas movilizarse de inmediato, al recibir información que no se publica en los periódicos: la planificación de un mega proyecto o la compra de un sector de terreno urbano por parte de un gran inversionista. Se trata de la movilización de las personas. Al hablar de estas movilizaciones, considero que son el primer paso dentro de un movimiento general. No es una cuestión en sí misma, no se trata solo de eso, sino de que forman parte de un movimiento general. Una vez producida la movilización, aunque no funcione, se puede pasar al siguiente nivel. El segundo ejemplo, se relaciona con el medio ambiente. Debemos comenzar a trabajar en un nivel más complejo acerca del medio ambiente. Contamos con conocimientos que provienen del campo de la biológica, de las ciencias materiales, de las tecnologías que en realidad son muy limitados, y que considero poco útiles para elaborar políticas de espacio. Es cierto que necesitamos políticas y nuevas leyes, que son más difíciles de implementar que las políticas, pero igualmente necesarias. Pero también debemos lograr que cada sector de la ciudad se comprometa con la cuestión medioambiental. Nuevamente, pienso que el vecindario es un espacio fundamental donde podemos establecer algunas de estas iniciativas que estoy mencionando.

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Una de ellas consiste en utilizar una bacteria que, al pintar las superficies de concreto (aceras, edificios, tejados), produce calcio a lo largo de toda su vida. Este calcio puede reducir las emisiones de gas de efecto invernadero. Con el tiempo, el aire alrededor se purificará. Imaginen todas las superficies de concreto de la ciudad implementando esta iniciativa. De esta manera, podríamos tomar algo negativo y convertirlo en positivo. Esto puede multiplicarse a través de todos los elementos que constituyen una ciudad: Las diferentes superficies, las diferentes bacterias, etc. Hay una larga lista que es realmente asombrosa.

Otro excelente ejemplo son las aguas residuales que producimos en grandes cantidades en los baños, cocinas, restaurantes, etc. Aquí también se puede introducir un tipo de bacteria en el agua que transforma estas aguas residuales y que genera moléculas de plástico, perdurables, resistentes pero biodegradables. Un verdadero milagro. De esta forma, se transformarían los aspectos negativos de la ciudad en positivos. Estos son solo algunos ejemplos.

Para alcanzar este tipo de objetivos, las TIC pueden convertirse en verdaderas intermediarias. La digitalización de una red de comunicación de colaboración y confianza marcará una gran diferencia para crear una posibilidad de movilización. Estas son solo algunas ideas, pero existen muchas más.

Muchas gracias.

It’s a pleasure to be here, and I am sorry that I cannot be there with all of you. Thank you to Carlos Moreno for inviting me; I really appreciate this. I would have loved to be at ICS Toulouse.

What I want to address is the relationship between technology and cities. I want to focus especially on the high-tech factor. I think of cities as complex but incomplete systems. Today, when we think of technology, there are two vectors that I would like to focus on that I think really matter, and they are drastically different.

On the one hand, the relationship between technology and cities is intermediated by the fact of the accelerated rate of technological obsolescence. If you think historically, cities and technology have had a very good relationship. Think of the Roman aqueducts or of the buildings built in London in the seventeenth century.

Those buildings incorporated technology in ways that today allow us to repair buildings that are falling apart. Today, I will argue, and it is an argument, that the rate of technological obsolescence is so fast, so accelerated, that technologies have the potential to become at least a risk to cities. Imagine a building chock-full of technologies that are going to grow obsolete very quickly; those technologies will literally pull down entire buildings, whole blocks of its street. The buildings can still be used, but they become like second-class citizens, so there are a lot of wasted resources – and then you have the challenge of selling the dilapidated buildings, one very, very big problem.

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So deploying technologies in buildings must be done very intelligently, and I would like to state that much of what we call ‘smart cities’ is not necessarily so smart. I have two images that I like to evoke, which are a little provocative. One involves seven buildings that still stand in Shanghai and have a lot of technology incorporated into them; the Chinese are becoming tired of the seven thousand high-rise buildings that Shanghai built in about five years, or something like that, and imagine them dead.

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The other one is Sondo, one of the more developed cities we have; do these buildings, chock-full of technology, urbanize the city, or de-urbanize it? I would say they de-urbanize it. Yes, there is density, but density by itself poses the question of technological obsolescence. There is a second dimension that I would like to address and that interests me the most, which involves turning again now to the space and the city that is deploying technologies that begin to open-source urban space. And I think of the neighborhood as the extreme case. The neighborhood, in a way, is a space that is modest, that has no site of major innovation. A neighborhood’s character is comprised of children, grandmothers, homeless persons, the local crazy people, and so on. These characters don’t fit comfortably into the high-tech image that we have of cities. But most large city spaces are actually that type of space, not always of the exaggerated neighborhood type that I might use. The question then is this: How can I deploy technologies? I am thinking especially about ICT, information and communication technologies: How can I deploy such technologies to actually make the whole city more livable, a better-distributed space? A space where every part is a component in a fabric, a fabric that is alive with good applications? I am thinking of spaces so democratized that the neighborhood grandmother does not feel she’s outside of it. On the contrary, she is very much a part of the fabric and, probably, has more time to spend within that fabric than any other citizen.

Now, can we open-source the neighborhood – what does that mean? Let me frame it in terms of two issues. One is the city center and the codified knowledge of that center – the expert, the government, specialized entities, all the consultants and so on. (I don’t have anything against them.)

The first point for me is this: How do we bring into that neighborhood the codified knowledge of the center? That will really mean partial deconstruction of the center’s knowledge and making it part of this distributed space. It will also mean inventing new types of application that can allow for the technological crowd, but I am also thinking of a neighborhood learning curve to accommodate the various neighborhood actors, depending on what they do, depending on what interests them, are also part of that. Making new kinds of applications that enable the neighborhood to be part of the larger city conversation. When I think of the neighborhood, I think of a space that has its own types of knowledge and its own needs, curiosity and problems for which they would like solutions, and imagine certain technical applications that will work very well. So there are a bunch of issues that are also happening in the center. But every neighborhood is a little bit different, and the collective neighborhood is certainly a different space from the space at the center.

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The space at the center is by now a space mark, but even apartment buildings and shopping malls have a kind of built environment that in the past we associated with a corporate character: high quality, very standardized, and often by brilliant architects who make each building look different. So the center of the city is marked by a kind of harmonized built environment that may have many different features due to the brilliant architects’ designs, and I don’t mean that ironically, I don’t. At the same time, it seems to have a high level of standardization and its own sort of peculiar mode of being, probably operating in a 24-hour cycle in many places.
The neighborhood is more local, made more for people, less standardized and has less influence from brilliant architects and designers. So for that reason, my concern is this: How do we bring the neighborhood’s knowledge, practices, imaginations and desires into the center? The easiest vectors I can think of are neighborhood knowledge and neighborhood information.

Now, there are very elementary examples that capture this in a simple way, but could actually be raised to a much higher level of complexity. The best case we all know about is the phone application via which you can signal a pothole – a big hole in the road that is hard on cars and bikes. So you push that button, and wherever you are a message goes to the mayor’s office – very basic, but amazingly useful information. Otherwise, how could the center keep up with all those potholes? You’d have to send people out every day to gather information. If all those drivers are hitting potholes anyway, why not use this technology?

This is a very simple example, but it captures in a very clear way the kind of contribution local knowledge can make. … How can we raise the complexity of that type of knowledge so that the neighborhood, in all its intricacy, can become a partner in the larger space?

Another common application involves health issues. There are now cities in Europe and even North America where an application is available to very quickly communicate an accident or a health threat. This application is very useful, but I want to go beyond usefulness. What would it mean to actually have fun, be inspired, or see something that you have never seen before, even though it is part of your city? A student of mine invented a wonderful application that he called “24-hour Art.” Say it’s 3 a.m., you’ve just left a club, and you want to see a bit of something, so you press the application and it shows what is available in New York City right at that moment: a pub that stays open very late, a public space open 24 hours, a bathroom, a painting, a piece of art or a photograph. Clearly, this is a way of articulating the whole city space, so that it is fun and inspiring. This is not a health emergency or a pothole, but something else.

I think that there is a third level, and that is the fact that our cities are becoming de-urbanized. I have shown one image, but I think that de-urbanization is happening in many modes. Let me mention one of them, what we might think of as the urban land-grab. London is exhibit Number 1, but it’s also happening in Paris and NYC. This involves places in cities, especially in the center, that are owned by foreigners. In fact, I have some images showing places that have very luxurious types of residences, and you have trees growing inside that clearly can’t be moved, so it’s kind of an urban land-grab. How do you buy urban land? You buy it from a building.

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But if these types of owner of buildings buy a good part of the city, it has an impact that goes well beyond one house, because they uninhabited or they are abandoned. So you can see here the de-urbanization, the thinning of the urban fabric. The second mode is when a large complex buys up a whole set of blocks, putting in a mega-project that absorbs various elements of public space (small streets and squares, for example) into its own private space. The average citizen loses street space, open views and little squares, because now there is a huge building. Imagine an application that allows people to mobilize immediately when they have pertinent information, because this information isn’t announced in newspapers, that there is the planning of a mega-project or a big investor is buying a piece of urban land. I think of such mobilization as just the first step in a trajectory; it is not the thing in itself, it is truly a trajectory, once mobilized, the impact, even if it doesn’t work, can move things to the next level.

The second example involves the question of the environment: we must begin to work on a much more complex level regarding the question of the environment. There’s knowledge being introduced via biology, material sciences and technology that can all take us beyond very narrow, and I think in the end not very useful, space policy. Yes, we need policy, and new laws, which are much more difficult to introduce than policy, but necessary. We also need to make every part of the city work on its environmental issues. Here again, I think that the neighborhood is a critical space for deploying some of the initiatives I speak of.

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One example is a bacterium that can be painted on concrete surfaces (sidewalks, buildings and roofs); while it lives, it deposits calcium in the concrete. This calcium seals off greenhouse-gas emissions, and eventually purifies the air around it. Imagine all the concrete surfaces of a city working that way! It would mean turning a negative into a positive. Multiply that across an entire city – all the various surfaces, different bacteria – and the result could be absolutely splendid.

Another great example involves organic brown water, produced in vast quantities in our bathrooms and kitchens. Bacteria could be put in such water to transform it into a molecule of durable, resistant but biodegradable plastic – again, turning a negative into a positive. … These are just some examples.

For these kinds of aim, ICTs can become intermediary factors. The digitizing of communicative fabric of collaboration and trust will make an enormous difference in creating the possibility of mobilization. These are just a few ideas, and there are so many more.

Thank you very much.